L'Arche de Noé

 L'Arche de Noé

(par Myriam Delvenne)

Ce 1er octobre 2021, le Pôle Créatif Liégeois lance une bouteille à la mer, un radeau de la Méduse, ou plutôt une Arche de Noé, pour toutes les personnes qui se noient actuellement.

En août dernier, le G.I.E.C. a publié le premier volet alarmant de son sixième rapport d’évaluation.

Allons-nous toutes et tous couler, comme nos concitoyen.ne.s en juillet dernier lors des terribles inondations en Belgique ?

Pourtant l’Arche de Noé est là toute proche, à portée de main ou plutôt à portée de brasse…

Comment y arriver ? Précisément en nous mettant en mouvement : le Pôle Créatif Liégeois propose déjà un Café citoyen, des Cercles locaux de Créativité solidaire, où toute personne peut venir demander bénévolement des conseils, des solutions, de l’accompagnement pour ses projets. Il y ajoute maintenant des Cercles d’échange autour du bien-être, également bénévoles, où chacun.e pourra parler de son bien-être ou de son mal-être en toute liberté.

En nous occupant avantageusement de nous-mêmes, nous nous occupons également du bien-être de notre planète. Comment est-ce que le bien-être de la planète et notre propre bien-être peuvent être liés ? Vous le découvrirez en lisant ce qui suit :

En juillet dernier dans la province de Liège, parmi les personnes qui n’ont pas été sinistrées, il y en a beaucoup qui ont subi des coupures d’eau, de gaz et d’électricité. Si l’eau et l’électricité sont revenues après quelques jours, le gaz s’est fait attendre. Mon propos n’est pas de comparer les relativement petites difficultés de certain.e.s avec celles ou ceux qui ont tout perdu, mais de montrer qu’un très grand nombre de personnes ont été impactées par les intempéries de la mi-juillet. Des catastrophes comme celle-ci, il y en aura d’autres. Cette fois-ci, le monde politique et les citoyens ont bien compris que le réchauffement climatique allait entraîner beaucoup de difficultés dans notre pays.

Mais il n’y a pas que le réchauffement climatique qui va être source de problèmes. Les énergies fossiles ne sont pas inépuisables. Bien que les énergies vertes (photovoltaïque, éolien, etc.) soient de plus en plus utilisées, il est impossible qu’elles remplacent totalement les énergies fossiles. Pourquoi ? Parce que cela ne fonctionne que quand il y a de la lumière, du vent, ... Mais aussi parce que pour produire des panneaux photovoltaïques ou des éoliennes, il faut les fabriquer, ce qui consomme également de l’énergie. Aucune solution n’est parfaite et ne peut résoudre tous les problèmes.

Alors que faire, me direz-vous ? Tout d’abord, réduire nos consommations dans tous les domaines. Mais cela ne sera pas suffisant. À l’avenir, il faudra s’attendre à des ruptures d’alimentation en énergie et, peut-être même, en eau potable. Dans certaines parties du tiers-monde, des personnes font des kilomètres pour aller puiser de l’eau. Imaginez votre vie si vous n’aviez plus ni eau, ni gaz, ni électricité, ni pétrole, mais également plus d’avion, plus de voiture, plus de camion pour acheminer les marchandises.

Comment se nourrir, alors ? Les besoins essentiels deviendraient les seuls vers lesquels nous nous tournerions, à savoir la recherche de nourriture locale et d’eau potable. On ne penserait plus à faire les boutiques pour avoir un sac assorti à ses nouvelles chaussures. Il n’y aurait plus moyen de commander sur Internet, ni de se faire livrer.

Comment se déplacer ? Sans voiture, impossible d’aller travailler à Bruxelles, pour les Liégeois, par exemple. Sans ordinateur, tout travail serait beaucoup plus lent. Les gens iraient travailler près de chez eux ou décideraient de se rapprocher de leur travail.

Mais restons sur les problèmes de nourriture et du réchauffement climatique. Actuellement, on délocalise de plus en plus. Les grandes surfaces ont, certes, quelques rayons de produits locaux mais, majoritairement, les aliments viennent de très loin, par avion, mais aussi par camion. En Belgique, les surfaces cultivées se réduisent chaque année. La faute à qui ? Le besoin sans cesse croissant en nouvelles constructions. Il y a pourtant d’anciens logements à rénover. Cependant, cela coûte plus cher et est moins attractif pour les personnes en demande de logement. Lorsqu’on construit de nouveaux bâtiments, on bétonne le sol et l’eau de pluie ne peut plus s’infiltrer. Elle s’écoule et ruisselle des plateaux vers les vallées. En préservant la nature, en replantant des arbres, en ne construisant plus de nouveaux bâtiments, l’eau ne pourra plus inonder les vallées, comme cela a été le cas à la mi-juillet.

Quant aux zones inondables, il serait intéressant de les reboiser et de ne pas reconstruire. En effet, les arbres présents aux endroits qui ont été inondés ont mieux tenu que les maisons, car ils sont plantés les uns près des autres. Leurs racines s’entrelacent et ils se tiennent les uns aux autres. Seuls les arbres à la périphérie d’une zone boisée ont été impactés par les inondations. De plus, les terres et les végétaux absorbent l'eau de pluie, contrairement au béton.

Il faut également penser que si on préserve les terres cultivables de l’urbanisation galopante, on pourra nourrir la population avec des produits locaux en cas de pénurie de carburant. Un autre problème des terres cultivables est qu’elles sont actuellement victimes d’érosion, car elles ne sont plus protégées par des haies. Ces dernières ont été arrachées pour permettre aux tracteurs d’y accéder et de labourer plus facilement. Il y a de nombreuses techniques pour pallier ce problème d'érosion qui peut entraîner de graves désagréments. Il serait notamment intéressant de replanter des haies autour des champs pour éviter cette érosion. Car en cas de fortes pluies, des torrents de boue peuvent se déverser dans les rues et les habitations.

Nous le voyons, les problèmes environnementaux sont complexes et de nombreux défis sont à relever dès à présent. Il est moins une !

Concrètement, pour chaque citoyen, il y a plusieurs choses à faire, mais en voici déjà un petit échantillon :

  1. Réduire ses déplacements au maximum, ne plus prendre l’avion pour partir en vacances, mais privilégier le train et le tourisme local. La Belgique regorge de petits coins pittoresques qu’il serait intéressant de visiter avant de penser à partir plus loin.
  2. Acheter local au lieu de commander chez Amazon, Alibaba ou autres. Si on n’achète pas local dès à présent, les petits producteurs ne survivront pas. Nous serons obligés d’acheter uniquement dans les grandes surfaces. Si nous n’avions plus d’approvisionnement possible, tout le monde mourrait de faim. Il faut y penser maintenant qu’il en est encore temps.
  3. Réfléchir avant d’acheter, de consommer à outrance. Penser : “Ai-je vraiment besoin de cet objet ?” La société de consommation nous fait croire qu’on a besoin d’un appareil dernier cri, rempli de fonctionnalités, d’un nouveau vêtement à la mode ou que sais-je encore. Beaucoup d’entre nous amassent des quantités importantes d’objets qui ont peu servi et dont on n’avait pas vraiment besoin. Toute cette marchandise a un coût de fabrication au niveau environnemental. En revenant à des valeurs simples, en ne surconsommant pas, nous pouvons aider à préserver la planète.
  4. Préférer tout ce qui a déjà été utilisé, comme les vêtements de seconde main, l’achat d’une maison déjà construite, mais à rénover, … Les vêtements de seconde main sont déjà amortis au niveau environnemental. De nombreux objets peuvent être achetés d’occasion. Les Repair Cafés permettent de donner une seconde vie à un appareil qui ne fonctionnait plus. L’économie circulaire devrait prendre la place de l’économie linéaire. Jeter, c’est polluer. Recycler, c’est faire un geste pour l’environnement.
  5. Réduire ses consommations d’énergies fossiles (mazout, gaz, essence, ...), mais également d’eau et d’électricité. Des gestes simples sont possibles. Si tout le monde s’y met, le gain sera important. On peut prendre une douche en utilisant moins d’eau. Il suffit d’ouvrir le robinet une fois au début pour se mouiller et une fois à la fin pour se rincer. On peut récolter l’eau froide qui coule en attendant l’eau chaude. Il existe de nombreuses techniques, pas seulement pour préserver l’eau. On pense souvent que l’eau est inépuisable. Il pleut beaucoup en Belgique. Mais l’eau potable a un coût très élevé. Le traitement des eaux usées également. En faisant partie d’un groupe de simplicité volontaire, on peut partager toutes ces techniques de préservation des ressources.

Pourquoi Noé et son Arche ? Parce que celui qui aura changé son mode de vie, celui qui aura adopté la simplicité volontaire, celui qui aura créé un potager dans son jardin, etc. sera celui qui aura le plus de chance de survivre à tout ce qui nous attend. C’est comme si toutes les personnes qui étaient capables de faire un effort pour la collectivité avaient le droit d’entrer dans l’Arche pour être sauvées et pas les autres. Maintenant, si tout le monde est capable de faire cet effort, nous pourrons vivre de manière plus simple collectivement. Je ne souhaite pas créer deux clans : ceux qui auront compris et les autres. Je souhaite ouvrir les yeux sur un futur possible qui va forcer les gens à vivre beaucoup plus simplement. Alors, pourquoi être forcé dans le futur alors qu’on peut se lancer maintenant dans un mode de vie plus simple, de manière volontaire ?

Une dernière chose pour vous aider à adhérer à ces quelques principes énoncés plus haut : à partir du moment où on se sent frustré par quelque chose, que la vie ne tourne pas comme on le souhaiterait, qu’on est malheureux, on a tendance à surconsommer. Il est donc important d’aller bien pour être capable de s’auto-réguler. C’est pourquoi nous avons créé les Cercles d’échange autour du Buen Vivir. Vous comprenez maintenant pourquoi le bien-être de notre planète et notre propre bien-être sont intimement liés.

Alors, voulez-vous nous suivre et monter dans l’Arche ?


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