La recette du bonheur

 La recette du bonheur

Une nouvelle aventure d'Alpha, le « savant fou »


(Écrite à quatre mains par André FRISAYE et Myriam DELVENNE)


Audrey est absente aujourd’hui. Alpha rend visite au couple. Il est reçu par Antoine qui lui parle de son problème :

  • Ma grand-mère était polonaise. Elle me cuisinait de bons petits plats de son pays natal. J’ai toujours aimé sa cuisine. J’aimerais la faire découvrir à Audrey, mais je ne parviens pas à trouver un petit producteur local qui vende du raifort frais, ingrédient indispensable à ma recette de Ćwikła (ndlr : prononcez tchvikwa).
  • Tu as fait le tour de tous les magasins locaux de Liège ? demande Alpha.
  • Oui, répond Antoine, je suis allé à l’Épicerie du Nord, aux Petits Producteurs, à Oufticoop, chez Al’Binète, partout !
  • Pourrais-tu me parler de cette recette ? Quels sont les ingrédients ? demande Alpha.

Antoine énumère la liste des ingrédients :

  • Quatre grosses betteraves rouges, la moitié de leur poids en raifort, de l’eau, du vinaigre de cidre, du sucre, du sel, du poivre et une cuillère à café de graines de cumin.
  • C’est le raifort qui te manque ? demande Alpha.
  • Oui, il en existe en pot. Il est déjà râpé, mais il n’est pas local. Je cherche du raifort qui provient d’un petit producteur proche de chez nous. Je souhaite préserver la planète. Mais là, je cale et je désespère de pouvoir trouver une solution.
  • Mais de quoi avons-nous parlé la dernière fois au téléphone ? demande Alpha. T’en souviens-tu ?
  • Euh…
  • Pro…
  • Ah ! oui, de projections ! répond Antoine.
  • C’est ça. Tu me dis que tu ne trouveras pas de solution pour ta recette ? poursuit Alpha. Serait-ce encore une sorte de projection, pessimiste cette fois ? Car notre corps de souffrance - comme l’appelle Eckhart TOLLE - nous pousse à considérer d’abord les choses négativement. Cela avait son utilité par le passé, celle de pouvoir rester en vie. La peur nous poussait à éviter les dangers. C’est encore nécessaire de temps en temps, mais moins qu’auparavant. Seulement, rester inféodé à notre corps de souffrance nous amène au pessimisme, ce qui ne permet pas, par exemple, de trouver des solutions à nos problèmes.

Antoine réfléchit :

  • Tu as raison, Alpha, je vais chercher une solution… Mais qui est cet Eckhart TOLLE dont tu parles ?
  • C’est un penseur allemand qui vit au Canada, dit Alpha. Sans entrer dans les détails, on peut dire qu’il nous propose de vivre l’instant présent en conscience, précisément pour ne plus être trop attaché à notre corps de souffrance.
  • Je vais m’intéresser à ce monsieur, répond Antoine. Mais pour l’instant, je cherche à remplacer le raifort par un autre légume au goût similaire et qui se trouverait chez un petit commerçant proche de chez moi. Je fais une rapide recherche sur Internet… Ça y est, j’ai trouvé ! C’est le radis noir. Voici ce qu’on en dit : “Le radis noir a un goût très similaire à celui du raifort. Il suffit de le râper et de l'utiliser de la même manière que vous utiliseriez du raifort. Notez que pour obtenir un effet piquant plus prononcé, il est préférable de laisser la peau”. Il y a justement un arrivage de radis noir cette semaine chez Les Petits Producteurs à Liège. Je les connais bien ; ils nous servent toujours des légumes de qualité, locaux la plupart du temps.
  • Eh ! bien, voilà déjà la solution ! Biologique et locale en plus, dit Alpha.
  • Oui, Audrey et moi avons opté pour le local et l’alimentation biologique depuis le début de la pandémie. Nous allons le moins possible dans les grandes surfaces et nous favorisons les petits commerçants locaux : des personnes qui deviennent finalement nos amis et qui essaient de nous faire plaisir. Je pourrai aussi y trouver la betterave rouge dont j’ai besoin pour cette recette.
  • Et pour le cumin ? demande Alpha.
  • C’est vrai, répond Antoine. Le cumin n’est pas local non plus. Je pourrai demander à notre groupe de simplicité volontaire si quelqu’un a une idée d’épice équivalente. Tu te souviens que je t’ai parlé d’eux ? Je vais de ce pas leur envoyer un SMS. C’est avec eux qu’Audrey et moi avons appris à cuisiner autrement, sainement, avec des produits locaux quand c’est possible. Nous pensons que l’avenir de notre planète est trop important et qu’il est bon de poser des gestes de petit colibri.
  • Waouw, Antoine ! Génial !

Voici la recette de Ćwikła (possibilité de remplacer le raifort par le radis noir en proportions 1:1 et le cumin par la poudre de piment) :


Temps total : 30 à 60 minutes

Cuisson : 45 minutes 

Difficulté : Facile

  1. Laver et brosser les betteraves.
  2. Dans un faitout, déposer les betteraves non pelées et les couvrir d'eau. Porter à ébullition ; baisser le feu, couvrir et laisser mijoter environ 45 minutes ou jusqu'à ce que les betteraves soient tendres. Égoutter. Laisser refroidir puis peler.
  3. Pendant la cuisson des betteraves, gratter, nettoyer et peler le raifort.
  4. Peser les betteraves et le raifort. Vous devez avoir la moitié du poids des betteraves en raifort.
  5. Râper les betteraves et le raifort.
  6. Déposer le tout dans un saladier. Ajouter le cumin, saler et poivrer au goût, sucrer légèrement. Terminer par un peu de vinaigre que vous aurez chauffé au préalable, puis laissé refroidir.
  7. Bien mélanger. Verser dans des pots stérilisés et garder au frais.

Le ćwikła est généralement servi en tant que condiment avec de la viande, en particulier rôtie, grillée ou fumée, ou avec de la charcuterie.


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