Plongée dans l’Antiquité

 

Plongée dans l’Antiquité

Jamais content !

Une nouvelle aventure d'Alpha, le savant fou

(Écrite à quatre mains par André FRISAYE et Myriam DELVENNE)

Un soir, après avoir pris rendez-vous, Alpha va rendre visite à son couple préféré, Antoine et Audrey.

- Bonsoir, comment allez-vous ?

- Nous allons bien, répond Audrey. Et toi ? Que nous prépares-tu actuellement ?

- Qui fit, Maecenas, ut nemo… ? commence Alpha.

- Nemo, je connais. Ça veut dire “personne”. Mais le reste ? s’exclame Audrey.

- Vous ne reconnaissez pas le début d’une œuvre d’HORACE ? répond Alpha.

- Euh, le latin, c’est loin, répond Antoine, embêté.

- Hier, j’ai ressenti l’envie de relire mes classiques. J’ai saisi au hasard la traduction des “Satires” du poète romain HORACE et j’ai commencé par lire la première satire.

- Ah ! oui, s’écrie Audrey. Je me souviens de ce texte. Mais pourquoi nous parles-tu de cette œuvre ?

- Eh bien, vous le savez, les satires montrent souvent les travers de la société. HORACE présente les défauts de son temps, au début de l’époque impériale romaine, sous AUGUSTE. Pourquoi est-ce que je vous en parle ce soir, à votre avis ?

- Je ne sais pas, mais tu vas nous le dire, répond Audrey.

- Il serait bon de se rafraîchir les idées à propos de cette satire, je pense, dit Alpha.

- Peux-tu nous en lire le début ? demande Antoine.

- Avec grand plaisir, répond Alpha. Voici donc le commencement :

D’où vient, Mécène, que si peu d'hommes soient contents de la condition qu'ils ont choisie ou que le sort leur impose, et que chacun porte envie à la profession de son voisin ? « Les gens heureux, ces marchands ! » se dit à lui-même le soldat courbé sous les années et brisé par la guerre. « Ah ! le soldat ! crie à son tour le marchand sur son vaisseau jouet des vents. Il va se battre… Eh bien ! le voilà mort ou couvert de lauriers. » Ce légiste, habile interprète des lois, que réveille, au premier chant du coq, le plaideur impatient : « Grands dieux, dit-il, que ne suis-je un simple laboureur ! » De son côté, l'homme des champs, qu'un procès arrache à sa ferme et traîne à la ville: « Il faut convenir, dit-il à haute voix, que ces citadins sont d'heureux mortels ! »

- Ah oui, s’exclame Audrey, ce texte me plaisait beaucoup durant mes études. Notre professeur de latin aimait comparer l’époque romaine et la nôtre. Il y avait aussi la chanson d’Alain SOUCHON : “Jamais content”.

- Précisément, réagit Alpha. Cette satire, tombée par hasard hier entre mes mains, m’a rappelé les paroles de mon professeur de grec et de latin. Il s’amusait également à comparer les deux époques. Je me suis ensuite replongé dans un autre livre consacré à l’un de mes maîtres à penser : Carl Gustav JUNG, le psychologue analytique suisse.

- Oui, tu nous en a déjà parlé, se souvient Antoine. Que dit-il sur ce sujet ?

- J’ai eu l’idée de passer en revue différents archétypes que présente le penseur. JUNG s’est intéressé aux “Caractères” de THÉOPHRASTE, le disciple puis successeur d’ARISTOTE au Lycée, une école philosophique à Athènes. L’un des caractères s’intitule : le réactionnaire. Ce personnage montre un tempérament révulsif, opposé par principe à tout changement ; il ergote et voit la décadence partout, des complots, … Il manifeste un caractère pénible, maniaque, et il n’apprécie pas grand-monde. Il penche pour un pouvoir autoritaire. Il ne supporte pas les étrangers. Il regrette amèrement le passé et pense que la société de son temps va à vau-l’eau.

- Je connais beaucoup de personnes qui ressemblent à la description de ce genre d’individu, dit Audrey.

- Nihil novi sub sole, ajoute Alpha.

- Nihil = rien, sole = soleil. La phrase entière se traduit comment ? demande Antoine.

- Rien de neuf sous le soleil, répond Alpha. C’est une phrase de la Bible en latin.

- Ah, dit Audrey. Finalement, tout ce que tu nous expliques a bien un sens. Peux-tu nous l’expliquer ?

- Eh bien, répond Alpha, j’ai eu l’intuition que tous ces penseurs pouvaient nous aider à faire comprendre aux personnes qui passent leur temps à critiquer qu’il est bon de se contenter de ce que nous avons, que se plaindre pour un oui ou pour un non est contre-productif.

- Quelle bonne idée ! s’exclame Antoine.

- Mais pour cela, j’ai besoin de vous, demande Alpha.

- Nous sommes à ta disposition. Que désires-tu ? répond Audrey.

- J’aimerais que nous trouvions la meilleure manière de faire passer ce message. Toi, Antoine, tu pourrais avoir des idées créatives. Et toi, Audrey, tu pourrais mettre le message en visuel pour augmenter l’impact. Qu’en pensez-vous ?

- Nous sommes partants, répondent Antoine et Audrey en chœur.

- Merci bien, les amis, leur dit Alpha. Je n’en attendais pas moins de vous. Mettons-nous tout de suite au travail.

 (Fuite au prochain lavabo - STTELLLA)


Commentaires

  1. lu ( c'est plus court que celui sur le buen vivir et les désaccords profond on féconds) et c'est plus digeste mais ne voit pas le lien entre les 2 si ce n'est que je l'ai lu dans la foulée et par hasard ( après la première lecture je suis tombé su r le site et en navigant un peu , suis tombé sur l'épisode 1

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ton commentaire. Cet article-ci expose les faits (les gens se plaignent de tout). Le second propose des solutions pour qu'il se plaignent moins (désaccords féconds et Buen Vivir).

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire